Il est 6h29 quand le TER prend le départ en gare de Chambéry ce jeudi 1er juin au matin. Florine est partie bien plus tôt d’Annecy, et les grenoblois Caroline, Kelly et Damien sont sur les rails depuis 5h50. Samuel nous rejoindra à l’arrêt d’Aiguebelle.
Annelieke n’a pas pu participer ce weekend, alors c’est Damien qui a pris la relève. Florine et Arthur qui n’avaient pas pu participer au weekend d’intégration se joignent à nous cette fois !
Premier aléas du weekend, Florian a loupé le train d’un rien. Le suivant est dans 1h.
Nous arrivons donc sans notre guide en gare de Modane, juste le temps de passer à la boulangerie en face de la gare et nous enfourchons nos velos.
Sont ils moins lourds que lors de notre weekend d’intégration ? Remplacer les skis et chaussures par les cordes, la quincaillerie, les crampons et piolets, rien n’est moins sur !
Chacun prend son rythme de croisière et il fait déjà chaud sur les coups de 9h, l’ombre de la forêt est appréciée.
Florian rattrapera la queue de peloton dans la montée, comme s’il n’avait jamais loupé son train, une fusée sur son vélo musculaire.
Le refuge d’Orgère a un petit abris pour que nos bicyclettes ne prennent pas la pluie durant le weekend, avec lesquels nous laissons nos sacoches et le pic nique du dimanche !
Sacs chargés, Gaëtan mène la marche sur le GR5 que nous suivons jusqu’à l’heure du pic nique. En guise de digestion, nous dessinons notre propre chemin hors sentier jusqu’au pied de la voie du dièdre. Florine rejoint le groupe en serre file, elle vient de se rendre compte qu’elle a perdu son téléphone en cours de route, certainement dans la neige dans la pente qui nous précède. Mais le temps file, il est déjà 14h, et la première cordée a commencé son ascension dans la 1ère longueur.
Gaëtan et Arthur ouvrent la voie, suivis en 2nd cordée de Samuel et Kelly, puis Florian, Caroline et Florine. Rémi et Damien fermeront la « marche ».
La grimpe est jolie, l’ambiance est minérale, le sac bien chargé et le caillou parfois humide car la neige n’est jamais loin.
Les longueurs s’enchaînent jusqu’au crux de la voie : la dernière longueur qui nous amène au sommet. Une dalle mal protégeable, exposée et avec une sortie athlétique.
Le panorama au sommet nous offre une belle récompense. Il s’agit de s’activer, car il faut arriver au refuge du fond d’Aussois avant la nuit !
La neige est molle, on s’enfonce, certains en profitent pour revêtir leur plus beau short-kway et filer en luge en bas des pentes blanches.
Il est 21h15 quand nous arrivons au refuge, trempés et éreintés par cette longue journée. Ne s’est il vraiment passé qu’une seule journée depuis le réveil de 4h30 ce matin ? Le multi activité apporte à ces journées une dimension atypique, une distorsion temporelle et de l’espace qui lui confère les ingrédients du voyage.
Nous sommes seuls au refuge ce soir, il n’est gardé qu’à partir de demain. Samuel s’active pour lancer le poêle, en espérant que les affaires aient l’opportunité de sécher d’ici le lendemain. Florian lance l’eau à chauffer sur les plaques de gaz de la salle hors sac, où tout est à disposition : vaisselle, casserole, eau qui coule au robinet. Un luxe qui nous économise le peu d’énergie qu’il nous reste.
La nuit fût courte, le réveil sonne à 3h du matin. L’objectif du jour est l’arête nord de la pointe de l’Echelle.
Le petit déjeuner est silencieux, dans la pénombre de nos frontales. Comme on s’y attendait, les affaires sont pour la plus part encore humides, il faut mettre les pieds dans des chaussures imbibées et refroidies par la nuit.
Kelly déclare forfait et retourne se coucher.
La troupe se met en marche vers 4h sous un ciel étoilé, et les premières lueurs qui s’éveillent à l’horizon.
Florine rebroussera chemin après 20min de marche, assommée elle aussi par la journée de la veille.
L’attaque de l’arête coïncide avec les premiers rayons de soleil sur nos casques.
L’arête est d’abord rocheuse, bordée de part et d’autre par du gaz, la verticalité de la paroi et l’ambiance de ces hautes montagnes. La Dent Parrachée veille au loin sur nos petits corps évoluant à rythme prudent.
Florian mène la barque encordé cette fois avec Samuel et Caroline. Suivent ensuite Arthur et Damien, puis Rémy et Gaëtan.
La suite de l’arête se poursuit dans un chantier mixte qui nous complique la tâche et challenge un peu plus notre rythme et nos pas.
Arrivée au sommet vers 11h30, l’affaire est loin d’être finie, il faut désormais redescendre jusqu’au refuge avant que les nuages viennent embrumer notre chemin.
La neige est pourrie et ralentit notre progression. La pluie s’invite à la fête. Mais c’est avec l’excitation qu’on connait des enfants que certains reprendront avec joie les glissades expérimentées la veille, désormais avec l’art et la manière !
Arrivés au refuge vers 14h, tout est à essorer, pire que la veille.
Bien heureusement, les gardiens arrivés dans la matinée ont allumé le poêle qui chauffe la salle commune. Le gardien est formel « vous pouvez y faire sécher vos affaires que si ça ne pue pas trop les pieds! »
Un repas pris en mode zombie, puis direction la sieste, entre 1h et 3h suivant l’état de chacun.
Les plus vaillants trouveront l’énergie de prendre part au tournois de tarot organisé dans la salle commune pour l’apéro, accompagné d’une bière pour la récup.
À 2 personnes près, nous avons le refuge pour nous tous seuls encore ce soir, le confort en plus de mettre les pieds sous la table et de se régaler les papilles avec le menu concocté par le gardien du refuge. Samuel et Rémy jouent les prolongations, ils ont montés leur vivres pour le soir et le petit déjeuner du lendemain, ces grammes de plus qu’ils ont hissé le premier jour à vélo puis en grimpant, qui paraissent 2tonnes.
Après le double de temps de sommeil de la veille, rebelote réveil à 3h du matin. Le petit déjeuner est servi, chacun refait son sac pour de bon, aujourd’hui il va falloir regrimper avec le sac plein pour regagner le refuge de l’orgère.
Les chaussures en gore tex ont cette particularité de limiter le passage de l’humidité, autant quand elle rentre dans la chaussure que quand elle en sort …
Florine sort son tour du chapeau, avec ses chaussettes imperméables, elle aura les pieds au sec toute la journée !
C’est au tour de Samuel de déclarer forfait, il couve un truc qui le renvoie au lit.
Nous voilà partis pour 4h d’approche. Le temps d’apprécier un lever de soleil splendide qui rosit le ciel et couvre d’or la neige qui habille la Dent Parrachée.
On alterne entre mettre les crampons, les enlever, s’enfoncer jusqu’à mi cuisse dans la neige, crapahuter sur les pentes d’herbes raides et humides, sauter d’un bloc à l’autre pour éviter la neige…
Nous voilà rendu sur nos traces de l’avant veille. Au dessus de nous, la pente de neige où Florine a réussi à localiser son téléphone grâce à l’application « findmyphone ». Elle part avec Rémy dans l’espoir de retrouver l’objet… Si possible en état de marche.
Et c’est avec un sourire jusqu’aux oreilles qu’on la retrouve un peu après, téléphone dans la main et écran allumé tout à fait fonctionnel. Un petit miracle !
Nous entamons l’ascension de l’arête sud du Râteau d’Aussois, la voie la plus technique du weekend.
Gaëtan et Caroline partent en tête, suivis de près par Florian et Kelly, puis Arthur et Damien. Rémy et Florine feront serre file.
L’itinéraire à suivre n’est pas toujours évident, et Gaetan entraîne Caroline dans une dalle raide en traversée qui fait couiner ! Les cordées suivantes esquiveront la difficulté par une montée/désescalade beaucoup plus commode.
C’est au moment du crux de la voie, dans un passage en 5b mal protégeable que la pluie s’invite au plaisir.
Cette arête a la particularité de présenter des échappatoires facilement.
Chacun à notre niveau de progression nous installons des rappels pour retrouver l’herbe, et la grêle succède à la pluie.
De là haut, nous avons une vue plongeante sur le refuge. Il s’agit désormais de trouver l’itinéraire de descente par la face Ouest au plus direct, pour s’éviter de refaire le tour de la montagne par l’Est comme le suggère le topo. Nous la jouons chamois sur un terrain humide et le rocher parfois glissant. Les difficultés passées, un rayon de soleil vient illuminer notre pause pic nique. Retour au refuge de l’Orgère en t-shirt, le temps de prendre une bière et de faire quelques photos, Florian nous quitte pour reprendre le TER à Modane, demain il enchaîne avec un raid direction le Grand Paradis.
Nous retrouvons Samuel qui a passé une bonne partie de la journée à dormir pour récupérer des points de vie. Un « président » géant s’organise avec 2 jeux de cartes sur les canapés moelleux du refuge, entrecoupé de douches chaudes et de quelques cacahuètes. Le menu de ce soir a des airs de déjà vu, polenta comme la veille ! Les estomacs bien repus, direction le dortoir pour une nuit salvatrice. Xavier Cailhol devait nous rejoindre le samedi soir pour nous guider le dimanche à la suite de Florian. La météo prise l’avant veille nous a fait renoncer à quelque plan pour le dimanche. Nous nous levons donc en ce dimanche matin, dernier jour de notre stage GAES, sur une horaire de grasse matinée à 7h30 pour un dernier petit déjeuner. Il faut rassembler les affaires, repacker les sacoches sur les vélos et filer en descente à toute allure direction la gare de Modane. Ce plaisir de vitesse, agrémenté de l’émotion des au revoir qui se rapproche, nous fait planer. Nour arrivons devant la gare vers 9h, le train est annoncé pour 9h42. C’est un vieux train style « Harry Potter » qui nous transporte, avec ces 4 marches à monter depuis le quai, l’esprit de cordée nous tiendra jusqu’à la fin à organiser une chaîne humaine pour monter toutes les affaires puis les redescendre à Chambéry.
Fin de notre 1er weekend officiel de formation au sein du GAES. Nous rentrons fatigués de ces 3 jours intenses, mais galvanisés par le groupe et les projets en perspectives.
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